Qu’est-ce que la prévention cardiovasculaire ?
Aujourd’hui, la mortalité due aux maladies cardiovasculaires est en baisse grâce aux progrès de la prise en charge des accidents aigus.
Mais les chiffres restent considérables d’après un état des lieux réalisé en France dans un rapport de la Cour des Comptes (novembre 2021) :
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150 000 décès par an :
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Deuxième cause de mortalité en France
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Première cause de mortalité chez les femmes et les personnes de plus de 65 ans
Et de plus en plus de personnes sont concernées : 5,3 millions de personnes sont traitées pour une maladie cardioneurovasculaire en 2021 !
Cette hausse s’explique par la persistance de facteurs de risque mal contrôlés liés aux habitudes de vie et aux maladies favorisées par ces mêmes habitudes :
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Surpoids, obésité, diabète continuent d’augmenter en France
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En 2018 : 1 français sur 2 est en surpoids
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L’obésité touche 15,8 % des hommes, 15,6 % des femmes
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Il existe aujourd’hui en France 3,9 millions de patients diabétiques traités + tous ceux qui s’ignorent
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Tabagisme quotidien des 18 à 75 ans : 26,9 % en 2017
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53 % des femmes et 70 % des hommes atteignent les recommandations de l’OMS en matière d’activité physique
Alors, si l’on veut éviter la survenue de ces maladies cardiovasculaires et en améliorer le pronostic, il faut agir efficacement et dans la durée sur ces facteurs de risque et surtout sur ceux qui sont susceptibles d’être corrigés : c’est ce qu’on appelle la prévention cardiovasculaire.
La prévention cardiovasculaire, elle passe par la motivation à changer son comportement pour s’impliquer activement dans la prise en charge de ses facteurs de risque et de sa santé et en particulier mettre en place dans sa vie de tous les jours « tout ce qui n’est pas du médicament » et qui passe par des modifications de son mode de vie : activité physique, diététique, sevrage du tabac, gestion du stress…
De quelles maladies cardiovasculaires parle-t-on ?
Votre cœur est un muscle capable de propulser le sang dans tout votre organisme pour l’oxygéner, et ceci à un rythme régulier, et tout au long de votre vie…
Mais ceci n’est possible qu’à condition qu’il soit lui-même nourri et oxygéné par ses propres artères que l’on appelle les artères coronaires.
L’existence de facteurs de risque va favoriser la maladie de ces artères coronaires que l’on appelle athérosclérose : c’est le dépôt de plaques graisseuses à l’intérieur de la paroi des artères qui, en rétrécissant ces artères (sténose), sont responsables d’une diminution de l’apport de sang au cœur (et donnent une douleur que l’on appelle angor ou angine de poitrine). Lorsqu’une plaque devient instable, inflammatoire et se rompt, il s’ensuit une agrégation des plaquettes et un caillot de sang (thrombose) se forme alors en obstruant totalement l’artère : c’est l’infarctus du myocarde ou syndrome coronaire aigu. Parfois, l’artère coronaire peut se spasmer, diminuant, là encore, l’apport de sang au cœur.
Il faut noter que cette athérosclérose peut se localiser dans d’autres artères de votre corps : dans les artères carotides à l’origine des accidents ischémiques transitoires (AIT) et des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou dans les artères des jambes entraînant l’artérite ou artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). On parle de maladies cardioneurovasculaires.
Revenons sur ces facteurs de risque des maladies cardiovasculaires ?
Certains facteurs ne dépendent pas de vous : âge, sexe, hérédité.
D’autres facteurs peuvent être modifiés et donc corrigés.
Comme nous le montre une grande étude épidémiologique internationale (INTERHEART study), 9 facteurs facilement identifiables et modifiables expliquent à eux seuls presque la totalité des infarctus :
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Six facteurs augmentent le risque de faire un infarctus. Il s'agit du tabagisme, de l'hypertension artérielle, du diabète, de l'hypercholestérolémie, de l'augmentation du périmètre abdominal et du stress psychosocial. Les facteurs de risque associés multiplient leurs effets délétères au niveau des artères.
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Trois au contraire protègent de l'infarctus. Il s'agit de l'activité physique régulière, de la consommation chaque jour de fruits et légumes et d'une consommation modérée d'alcool mais ceci de façon moins significative.
Il existe différentes façons d’évaluer votre risque cardio-vasculaire (calcul de scores).
Il est essentiel pour vous de connaitre quels sont vos facteurs de risque pour pouvoir les contrôler.
La diminution du risque cardio-vasculaire peut être obtenue par le contrôle de l’ensemble des facteurs responsables de la maladie.
Pour en savoir plus https://www.fedecardio.org/notre-documentation
Pourquoi cette prévention CV est-elle si difficile à mettre en place ?
Vous l’avez compris, parce qu’elle nécessite une totale adhésion et une participation active et pour cela il ne suffit pas d’être informé ni même d’avoir pour certains déjà expérimenté la maladie. Il faut se sentir concerné par les mesures de prévention, avoir envie de les mettre en place et agir concrètement sur ses comportements en ayant le désir profond de persévérer dans la durée. (Voir *Les étapes du changement)
Il faut parfois modifier totalement son mode de vie !
Cet aspect très global du changement est à souligner. Nous vous conseillons d’aller pas à pas. Dans tout changement il y a une ambivalence : quels sont les freins ? quels sont les avantages ? Parfois un premier petit changement (celui que vous aurez choisi) qui ne vous demandera qu’un tout petit effort mais qui vous apportera un grand bénéfice peut suffire à vous faire passer du cercle vicieux du risque de la maladie au cercle vertueux de la bonne santé.
Par exemple, en vous remettant à l’activité physique, vous allez vous sentir mieux dans votre corps, voir dans votre tête, avoir envie de manger mieux ou d’arrêter de fumer
Ce chemin de vie est absolument personnel. C’est votre choix
Il faut vous fixer des objectifs réalistes et des solutions adaptées pour arriver à ces objectifs. Mais souvenez-vous que cette démarche est longue. Si vous ne parvenez toujours pas à respecter les règles que vous vous êtes données, ne vous découragez pas. Revoyez vos objectifs, faites-vous aider par votre entourage, votre médecin…sachez qu’au fil du temps, les difficultés s’amenuisent car de nouvelles habitudes s’installent.
*Les étapes du changement selon le modèle Proschaska et Di Clemente